Y’a dix ans
Y a dix ans, je chantais partout
Dans les rues, dans les cours, dans des trous perdus
On frappait à la porte des hostos
On chantait dans des prisons, des chantiers, des métros… La belle vie!
C´était pas beau c’qu´on chantait, c´était faux
C´était faux à en prendre peur
N´empêche que les gens écoutaient
Et même qu´ils en redemandaient
Ca v’nait du cœur comme on dit couramment
C´était en chœur, à la tierce, à la quarte
C´était bâti sur des anatoles
On n´en tirait pas du tout de gloriole
Y’a dix ans, je chantais partout
Dans les rues, dans les cours, dans des trous perdus
Aujourd´hui, j´me couche à dix heures
Pour être en forme à mon labeur… La belle vie!
Ca fait beau temps qu´la bande des chanteurs fous
A éclaté aux quatre vents
En oubliant les matins froids
Où l´on partait en n´emportant
Que des chansons, des guitares poisseuses
Des chemises crasseuses, des yeux mal lavés
A peine surgis d´une cave enfumée
Où toute la nuit, on avait dansé
Y’a dix ans, je chantais partout
Dans les rues, dans les cours, dans des trous perdus
Maintenant, ma voix est rouillée
Ma guitare aux termites est mangée… La belle vie!
Je sens une grande frénésie
Ce matin m´envahir au saut du lit
J´ai bien envie de reprendre la route
Et d´effacer ces dix ans sans chanter
On verra bien ce que sera demain
Pas trop d´angoisse, ça rend gris le teint
Pourquoi s´en faire? Faut défaire et refaire
Et ainsi de suite jusqu´à la Saint-Glinglin
Maintenant, qu´est-ce qui m´arrive bon sang?
V´là qu´ j´ai remis ça, incontinent!
Y a dix ans, je chantais partout
Dans les rues, dans les cours, dans des trous perdus…