Le trou de mémoire
Avec son rire de fossoyeur
Ses airs de voleur de bonheur
Il passe sans rien dire certains soirs
Il marque du sceau de l’infâmie
Les couplets de ma poésie
Et quand il est là c’est trop tard
Y a plus d’Rimbaud, y a plus de verdure
Juste un trou noir, une belle ordure
Qui m’attend avec son rasoir
J’me tords les pieds, j’me casse les vers
Et tous les mots vont de travers
Il fout l’boxon dans mes histoires
Le trou d’mémoire
J’suis l’boxeur KO dans ses cordes
Ca m’fait comme si j’avais des cordes
En barbelés sur ma guitare
Dans les belles lumières sur la scène
J’suis plus tout seul dans mes rengaines
C’est l’grand duo du désespoir
Il a l’regard de l’assassin
Qui veut s’faire de l’alexandrin
Et m’fait tomber dans un traquenard
Ca l’fait bander d’être la vedette
Pousse- toi d’là l’chanteur que j’m’y mette
Lui aussi veut son heure de gloire
Le trou d’mémoire
J’m’accroche au fil du temps qui passe
Mais l’funambule a bu la tasse
Je cherche l’amour dans les regards
J’ai l’impression qu’on n’voit plus qu’lui
Toutes mes chansons, des litanies
Mes couplets, tellement dérisoires
Tout fier de lui, faut qu’il parade
Il invite même ses camarades
Le trac, le stress, drôle de fanfare
Qui joue mon oraison funèbre
Y a des démons plein mes ténèbres
C’est rien d’autre que l’enfer de l’art
Le trou d’mémoire
Demain je reprendrai la route
Je m’éloign’rai coûte que coûte
De sa sale bobine à cauch’mars
Mais je sais qu’il a des indics
Il reviendra dans ma musique
Quand et où ? on peut pas savoir
Quand j’en aurai marre de sa gueule
Pour enfin rechanter tout seul
Et de nouveau être peinard
J’dirai à un prompteur à gages
D’lui faire la peau, d’faire le ménage
S’ra plus jamais tapi dans l’noir
Le trou d’mémoire